Critique de nouvelles
De manière aussi fortuite que frappante, Cheptel résonne avec l’actualité récente. Or, lorsqu’on dit que la réalité dépasse ou rejoint souvent la fiction, il est rare qu’on songe à des évasions de bovins.
Le recueil de Marie Hélène Poitras, Galumpf, au titre pour le moins intrigant, est puissant et merveilleusement écrit, avec beaucoup de finesse. À lire et à savourer.
Dans Il fera chaud cette nuit, de Yannick Marcoux, le narrateur se tient au plus près de la réalité quotidienne pour en exposer la part de rêves, d’intensité et de déceptions.
Quand on tient Vaillante entre ses mains, il est difficile de croire l’adage anglophone selon lequel on ne peut pas juger un livre à sa couverture.
Sitka prolonge l’œuvre romanesque de Gabrielle Filteau-Chiba tout en ouvrant des perspectives vers d’autres expérimentations littéraires.
Le recueil de nouvelles d’Éric C. Plamondon, publié aux éditions Sémaphore, a pour titre Bizarreries du banal. Pourtant, il n’y a rien de banal dans les histoires que raconte l’auteur. «Bizarreries» aurait suffi, ou alors «Bizarreries du réel».
Si Fernando Pessoa a laissé derrière lui «une malle pleine de gens», selon Antonio Tabucchi, c’est un coffre rempli de mondes parallèles que l’on ouvre chez Rich Larson. Il scintille déjà autant que les merveilles de la caverne d’Ali Baba.
Les personnages de nouvelles brèves, telles des étoiles filantes, éclairent un instant l’univers de leur créateur. La vérité qu’ils portent en eux donne de l’éclat à leur lumière. Ceux d’Emmanuelle Cornu éblouissent.
Vieillir, ce n’est pas cesser d’aimer, de créer, de lutter, de jouir ou de souffrir. Ce n’est surtout pas cesser de vivre. Les personnages de Dernière heure sont là pour nous en convaincre.
Dirigé par Nicholas Dawson, Self-care montre, avec une économie remarquable et une grande amplitude, la charge relationnelle, intersubjective et collective du care.
Qu’est-ce qui relève de la «simple» injustice et qu’est-ce qui appartient au domaine du cas? Comment la douleur, la spoliation et le silence font-ils leur entrée (ou non) dans une cour de justice?
La maison d’édition ontarienne L’Interligne fait paraître la version française de Coconut Dreams (Book*hug, 2019), de Derek Mascarenhas, un recueil de nouvelles qui a tout d’un roman.
Rien dans le ciel, recueil de huit nouvelles denses, révèle encore la grande maîtrise de Michael Delisle ainsi que sa capacité à creuser les failles de ses protagonistes avec une lucidité moqueuse, mais jamais ironique.
Les légendes angoissantes de la Gaspésie sont le fil conducteur du premier recueil de nouvelles de Joyce Baker.
Dans les sept nouvelles d’Indice des feux, la nature est une constante qui s’accorde aux dérives humaines et nous transporte au bord du gouffre, là où il reste encore une chance d’être sauvé·es.
Quand on connaît l’œuvre de Gilles Archambault pour l’avoir fréquentée pendant de nombreuses décennies, on se dit que le titre de son dernier recueil de nouvelles est terriblement prophétique.
On soupçonne derrière le titre Si c’est ça l’amour d’amères déceptions, de grands désenchantements. Faut-il encore croire à l’amour? Perd-on son temps à le chercher?
La solitude féminine est un motif inépuisable dans la tradition littéraire nouvellistique autant que romanesque. En s’inspirant d’expériences ordinaires souvent tues, Nous sommes bien seules renouvelle le genre avec talent.
Autant que le roman, la nouvelle sait être polyphonique, dialogique. Ce recueil en est un brillant exemple.
Bien qu’elles présentent des qualités indéniables, les cinq longues nouvelles du recueil Présents composés sont tout au plus plaisantes et frôlent parfois l’insignifiance.
Le lieu commun «ce recueil de nouvelles est inégal» m’agace. Il serait faux d’affirmer ceci à propos de D’autres mondes, deuxième opus de la série lancée par Stéphane Dompierre et proposant des textes d’horreur brefs signés par des autrices.
Contrairement à ce que son titre laisse entendre, Les fins heureuses de Simon Brousseau ne donne guère dans le bonheur placide et les dénouements souriants, mais explore plutôt les excès ordinaires du quotidien dans une prose aux accents doucement narquois.
Dix histoires mettant en scène des gens de Shenzhen, village de pêcheurs devenu une ville prospère de plus de dix millions d’habitants.
Tout n’est pas inédit dans Donnacona d’Éric Plamondon. En fait, il n’y a que la nouvelle éponyme qui soit une nouveauté, les deux autres étant parues respectivement dans la revue Le Pigeon en 2015 et dans la collection «Nova» du Quartanier en 2013.
Après le recueil de nouvelles Atavismes et la novella Des lames de pierre, Maxime Raymond Bock se lance, avec Les noyades secondaires, dans un projet ambitieux qui joue avec ses genres de prédilection.
Patiente et sûre, nerveuse mais disciplinée: telle semble se tenir la voix de Geneviève Boudreau dans son livre, murmurant aux branchages de ses épineuses nouvelles certains racontars de village à demi dits.
Auteur d’une trentaine de titres jeunesse et grand public, Daniel Marchildon, l’un des piliers de la littérature franco-ontarienne, propose avec Aventure d’un soir un recueil de nouvelles qui n’ajoute rien à une œuvre déjà solide.
Homme de théâtre, François Godin récidive avec La rumeur du monde est sans beauté, un recueil de récits poignants.
Curieux choix de réunir en un livre seulement cinq nouvelles (dont l’une de 750 mots) et de qualifier l’ensemble de «recueil», lequel totalise d’ailleurs 121 pages avec d’abondants espaces blancs.
À l’image de marques de doigts laissées sur des vitres sales, Figurine, d’Annie Goulet, trace les contours de la disparition.
Le premier recueil de nouvelles de l’écrivain montréalais Kaie Kellough, Dominoes at the Crossroads, forge une contre-mémoire du Canada (néo)colonial.
Les deux mains dans le cambouis des réminiscences et des engrenages salissants de la perte, la grande Alice Munro éclaire quelques mystères humains de plus.
Les nouvelles de Bélanger produisent l’effet qu’on espère obtenir d’un ensemble de textes: ils font recueil, brodent autour d’un thème commun pour en dévider les virtualités, en découdre avec une idée, un motif, dédaignent l’abord frontal pour multiplier les points d’entrée.
Si «le rêve est sa propre réalité», le chapelet de songes qu’égrène Paige Cooper dans son premier recueil constitue un véritable archipel des possibles, où les univers flottent nonchalamment comme quelques îles égarées par un démiurge distrait.
Le troisième recueil de Camille Deslauriers offre une touchante incursion dans les tremblements de l’être.
Sans être imbuvables, les textes de Benoît Ménard ne deviennent jamais l’occasion d’élaborer un réel projet formel, de nourrir une véritable conscience de la nouvelle et des virtualités qui lui sont spécifiques.
Sainte-Souleur est le quatrième ouvrage de François Racine, après une triade de romans débutant par la lettre «t»: Truculence, Tabagie et Turbide.
Si Françoise Major n’en est pas à sa première rencontre avec la forme de la nouvelle, c’est surtout son art du recueil qu’il faut ici saluer.
Dans Celle qui marchait sur la pointe des pieds, Danielle Fournier virevolte avec une belle agilité: reste à savoir si, dans ces acrobaties, le lecteur est en mesure de la suivre.
Deuxième parution de Charles-Étienne Ferland, auteur âgé de vingt-six ans, Une dent contre l’ordinaire témoigne de son potentiel grandissant.
Construit de courtes fictions, Pour cœurs appauvris entreprend d’insuffler le charnel au récit. Les mots deviennent palpables et on les effleure avec un plaisir évident.
Persistant comme un rêve qu’on parvient mal à chasser au réveil, Dormir sans tête compte parmi ces textes qui habiteront longtemps le lecteur : de cela, on peut sans inquiétude mettre la nôtre à couper.
À partir du langage, des idées qui surviennent lorsque l’on s’attache à le fixer jusqu’à ce qu’il se détraque, Suzanne Jacob livre cette poignée de courtes nouvelles vaporeuses dans lesquelles l’attention se dissout.