Récit
Lire la rue comme le lieu d’un théâtre impromptu et quotidien est l’une des volontés d’André Carpentier, qui clôt, avec ces chroniques de l’asphalte, le cycle Quatuor du flâneur montréalais.
Le dernier opus de Normand Chaurette est un don absolu, l’ultime acte d’une tragédie qui s’est produite sur le théâtre de notre monde littéraire.
Dans Mise en forme, Mikella Nicol aborde brillamment le champ d’études du fitness, en écrivant à partir de son parcours et en puisant dans les ouvrages de ses contemporaines.
Le titre du récit de Marie Darsigny, Encore, évoque le mantra bien caché de quiconque connaît la profondeur insondable des désirs inextinguibles.
Un archipel, soigner le langage est une manière d’approcher les vérités de l’existence.
J’écris ce texte le 6décembre 2022. Ou plutôt, je l’entame, car je n’ai pas fini d’y revenir, mais je ne le sais pas encore, à l’heure où la province commémore collectivement le féminicide de Polytechnique.
Journal de la dépression d’une mère écrit par sa fille. Faits, impressions et poèmes s’y révèlent comme autant de manières pour comprendre et ne pas perdre pied.
«La mort nourrit la mémoire», soutient Carmel Dumas dans le touchant hommage qu’elle rend à sa sœur.
Tel un herbier d’images, Quand viendra l’aube collecte des éclats de beauté qui pourraient survivre à la mort.
Jardin radio n’est pas un miroir que l’on promène le long d’une route, mais un magnétophone.
Avec Mouvements, Catherine Voyer-Léger inscrit dans un objet pérenne (le livre imprimé) sa quête d’enracinement.
Véritables mémentos, les récits du plus récent livre de Michel Tremblay, paru chez Leméac, offrent des parcelles d’une vie marquée par les airs qui l’ont portée.
Originaire du Guyana, ayant grandi au Canada et vivant actuellement en Angleterre, Tessa McWatt se laisse emmêler dans ses racines multiples, à cheval entre quatre continents, et livre une non-fiction charnelle sur les violences raciales.
Il se fait tard est un bilan au soir de l’écriture; le récit d’une vie et d’un temps hors de toute rhétorique d’espoir ou de désespoir, alors que se rapproche la mort.
Un premier roman qui surgit comme un doigt d’honneur adressé à la fatalité.
La voleuse est l’histoire de celle qui s’est fait prendre. Celle qui est toujours et déjà enfermée et parle depuis sa cellule.
Dans Rien du tout, d’Olivia Tapiero, aucun personnage, pas d’intrigue, peu d’événements. C’est l’énonciation elle-même qui fait l’objet d’une forme de dramatisation par laquelle la parole est constamment mise en jeu.
Dans Lettre à Benjamin, Laurence Leduc-Primeau montre en quoi le récit de soi est tributaire de la perte.
Dans La fille d’elle-même, Gabrielle Boulianne-Tremblay donne à lire la résilience et le courage d’un parcours trans.
Jocelyn Sioui nous raconte une histoire à partir des trous de notre mémoire.
Offrant une perspective sur le drame qui ne met pas en concurrence l’éthique et le poétique, Les trouées invite à une réélaboration individuelle de la perte qui permet aussi une rénovation de ses représentations collectives.
Dans Là où je me terre, Caroline Dawson livre par de courtes vignettes le récit chaleureux et empreint de colère d’une immigration qui semble réussie, mais cache une dette symbolique.
Dans un parler franc qui évite la gratuité, le narrateur des Carnets de l’underground expose ses frasques et témoigne de façon personnelle de sa recherche d’identité à travers les excès.
Cas par cas, garder la mort à distance, mais la parer d’une forme qui appelle la reconnaissance, le partage, la mémoire. L’embaumeur crée, témoigne, est accueilli. La fille donne image aussi.
Ce premier récit de l’autrice Jules Clara, paru dans la collection «Encrages» des éditions Triptyque, sollicite et attise notre propension à l’égarement.
La mort d’êtres chers nous dévie de nos trajectoires habituelles. En nous dévoyant, elle révèle de nouveaux angles d’où on peut observer le monde. Catherine Mavrikakis, après avoir perdu sa mère, chambarde personnages et intrigues pour nous entraîner sur un versant plus intime de son œuvre.
Boréal traduit un classique qui a depuis longtemps sa place dans les bibliothèques des plaisancier·ères de la côte ouest canadienne.
Le poète et éditeur Rodney Saint-Éloi nous offre un ouvrage bouleversant qui révèle ce que l’écriture préserve, pardonne et trahit.
Avec Les entailles, Marie-Élaine Guay offre un premier récit de souffrance.
Je devais lire mes poèmes durant la Nuit blanche à Montréal. Les organisateurs de la soirée promenaient un groupe d’un endroit à l’autre dans le quartier Centre-Sud. Le segment «poésie» avait lieu à l’Astral 2000. Trente minutes seule sur scène, c’était quand même long, mais bon, je me disais que j’étais payée presque dix dollars par minute, alors je ne pouvais pas trop me plaindre.
Raconter comment une identité s’est construite contre la famille, le legs, et le faire sans acrimonie ni amertume : voilà le défi relevé par Lori Saint-Martin dans Pour qui je me prends.
Avant tout, il y a eu Ayiti : un lieu, un air, un fantasme. Un livre incontournable.
À l’heure du confinement et de la distanciation sociale, le dernier récit d’Anne Archet ouvre la porte sur l’espace infini de nos mondes fantasmatiques.
Après une échappée dans ce qu’Olivier Kemeid appelait très justement «les ruines rouges du siècle», les pérégrinations de Frédérick Lavoie l’ont mené au royaume utopique et déclinant du Commandante Fidel.
On le réalise de plus en plus: on devrait se souvenir des noms des victimes plutôt que de ceux des assassins. Grâce au plus récent livre de François Blais, on n’oubliera jamais celui de Mélanie Cabay.
Je lisais Annemarie Schwarzenbach quand Mère d’invention de Clara Dupuis-Morency est arrivé à ma porte. Entre la vie extraordinaire de la première et la voix admirable de la seconde, un passage vers l’exception a eu lieu.
Ce collectif sur la maternité donne à lire diverses expériences d’accouchement. Des récits riches et généreux, certains plus que d’autres.