Traduction
Trois générations de femmes se construisent un quotidien et prennent soin les unes des autres. Entre sa mère et sa fille pleines de joie, une femme habitée par une grande part d’ombre survit grâce à elles.
À son immense tapisserie d’œuvres complètement différentes, mais qui se répondent, le magicien David Mitchell ajoute sa facette la plus rock, en brodant à partir de l’histoire de la musique.
Amorcée en 2016, la grande entreprise de retraduction de l’œuvre de Mordecai Richler se poursuit avec son «livre-tremplin», jusqu’à présent inédit en français.
Neuf jeunes femmes sont réunies dans l’hôtel d’un village. Elles y apprennent l’art du service pour d’éventuels clients qui n’arrivent pourtant pas. Atmosphérique, Strega, de Johanne Lykke Holm, est d’une lucidité implacable quant au sort réservé au genre féminin.
Traduit pour la première fois en français par Rachel Martinez, En bas de la côte nous fait voir sous un nouveau jour la Petite-Bourgogne de la Seconde Guerre mondiale. Un rare roman social portant sur la communauté afrodescendante de Montréal.
Traduite par Dominique Fortier, Tu redeviendras poussière, de Heather O’Neill, s’intitulait Shallow Grave dans sa version anglaise. Le titre de la traduction, qui évoque la célèbre expression biblique, n’a pas le même impact que l’original.
Il ne se passe pratiquement rien dans Requiem, de Gyrir Elíasson, sinon la poursuite des heures et des jours qui s’écoulent paisiblement. Ainsi, les lecteur·rices apprennent à côtoyer l’inexorable grâce de l’inutile.
Originaire du Guyana, ayant grandi au Canada et vivant actuellement en Angleterre, Tessa McWatt se laisse emmêler dans ses racines multiples, à cheval entre quatre continents, et livre une non-fiction charnelle sur les violences raciales.
Peu de romans parviennent comme celui de Larissa Lai à camper leur univers de manière aussi riche et détaillée sans tomber dans le didactisme.
La maison d’édition ontarienne L’Interligne fait paraître la version française de Coconut Dreams (Book*hug, 2019), de Derek Mascarenhas, un recueil de nouvelles qui a tout d’un roman.
Dans Les occasions manquées, un road novel impliquant deux femmes quadragénaires et un mourant pris d’un intense sursaut de vie, les chemins dérivent vers un périple insoupçonné.
Kristen Ghodsee problématise, à travers une histoire de la pensée socialiste et des cas de figure contemporains, la question des rapports entre le privé et le politique, entre les structures socioéconomiques et la chambre à coucher.
Quand je pense au mot «vilaine», je pense à la petite Sophie de la comtesse de Ségur. Je pense aussi aux sorcières. À celles qui n’ont jamais appris la leçon.
C’est précipitamment que commence Marécages de l’utopie, une traduction par Jeannot Clair du premier livre de Catherine Fatima, Sludge Utopia. On y plonge sans préavis et sans tuba.
Écrit sur une période de plus de vingt ans, Une chanson venue de loin, de Deni Ellis Béchard, apparaît comme une synthèse de ses obsessions, comme un roman-fleuve qui n’atteint cependant pas la mer promise.
Calamity Jane, tout le monde connaît son nom. On l’a lu dans des livres, on l’a entendu
en chansons, on a vu le personnage au cinéma et en bandes dessinées – je me souviens d’un Lucky Luke –, tout un folklore envahit la mémoire.
On soupçonne derrière le titre Si c’est ça l’amour d’amères déceptions, de grands désenchantements. Faut-il encore croire à l’amour? Perd-on son temps à le chercher?
Eugénie Vale Horemarsh est une femme absolument charmante, toujours prête à rendre service.
À Kotemee, la petite ville où elle habite, tout le monde l’aime bien.
Quand on dort du sommeil du juste, c’est qu’on a l’âme en paix. Ce qui est loin d’être le cas
de David Pace, héros (ou antihéros?) du dernier roman de Nino Ricci, Sommeil de plomb.
L’écrivaine Heather O’Neill, indubitablement magicienne, fabrique dans La vie rêvée des grille-pain
vingt mondes sans fin, où cohabitent beauté et laideur.
À Sweetland, petit village juché sur une île de la taille d’une virgule dans la phrase de Terre-Neuve, les échos du monde moderne n’ont jamais atteint le rivage qu’atténués par la distance et la brume.
Essai personnel, autofiction, journal de bord réflexif, il serait bien difficile d’assigner une catégorie aux Argonautes, livre à la forme multiple et non conventionnelle.
De l’usage des recettes traditionnelles dans la caractérisation des personnages.
Grande voix de la littérature canadienne, le Terre-Neuvien Michael Crummey nous revient avec un roman façonné par les vents, ceux qui font sombrer les navires et perturbent la constance austère des marées.
Après quelques rares percées de Réjean Ducharme dans le milieu anglophone, voici une excellente traduction de L’avalée des avalés, éditée à Montréal.
La traduction québécoise du livre d’Elizabeth Smart est rééditée en format poche aux Herbes rouges.
Publié en anglais en 2014 à Harper Collins, couronné de nombreux prix, dont le Edmund White Award for Debut Fiction, For Today I Am a Boy, de Kim Fu, est un premier roman extraordinaire abordant des questions cruciales telles que l’identité et la transitude.
Il faut un œil exercé, un cœur tendre et une âme particulièrement résiliente pour déceler la poésie cachée entre les maisons de passe et les crackhouses de la Main. La nouvelle traduction de son premier roman couronne Heather O’Neill reine des royaumes malfamés montréalais.
Où le lecteur de prose grincheux embarque à reculons dans une aventure et se voit rapidement séduit par un roman habile et fascinant.
Dix histoires mettant en scène des gens de Shenzhen, village de pêcheurs devenu une ville prospère de plus de dix millions d’habitants.
Les éditions Alto font généralement preuve de flair lorsqu’il s’agit de dénicher des textes étonnants de la littérature canadienne. Nul besoin de s’étendre ici en circonlocutions policées, Le saint patron des merveilles n’en fait pas partie.
La première œuvre de fiction du jeune dramaturge canadien Jordan Tannahill resplendit de sensibilité et d’intelligence alors que ce pourfendeur d’idées reçues s’attaque au vaisseau des vaisseaux, le corps.
Barbi Markovi propose un récit fantastique qui déjoue les représentations stéréotypées de la sorcellerie moderne et donne à voir une critique impitoyable de la vie urbaine à l’ère néolibérale.
Les employés débute avec la découverte, par un équipage mi-humain, mi-cyborg, d’une série d’objets aux fonctionnalités incertaines et aux apparences perturbantes, déboussolants autant par leur allure aseptisée que par les traces d’une organicité fantôme qui y restent accrochées.
Les deux mains dans le cambouis des réminiscences et des engrenages salissants de la perte, la grande Alice Munro éclaire quelques mystères humains de plus.
Après les excellents La minotaure (2018), de Mariève Maréchale, et Ceci est mon corps (2019), de Michael V. Smith, Cette blessure est un territoire, de Billy-Ray Belcourt, troisième titre de la collection «Queer» des éditions Triptyque, redéfinit la notion même de ravissement.
Si «le rêve est sa propre réalité», le chapelet de songes qu’égrène Paige Cooper dans son premier recueil constitue un véritable archipel des possibles, où les univers flottent nonchalamment comme quelques îles égarées par un démiurge distrait.
Avec son premier recueil, l’Anglo-Montréalaise Kelly Norah Drukker nous offre une poésie insulaire qui cherche sans cesse la terre ferme.
De 1960 à 1980, le gouvernement canadien a retiré plus de 16000 enfants autochtones de leur foyer d’origine pour les confier à des familles «blanches».
Entrer dans cet ouvrage de Heather O’Neill constitue une expérience s’apparentant à accepter l’immense bouquet de fleurs tropicales que nous tendrait de bon matin le mafieux du coin, sourire doré en sus.
Acclamée par la critique américaine, récipiendaire et finaliste de nombreux prix prestigieux, la première parution d’Emil Ferris la consacre déjà comme une autrice incontournable.
Un suspense qui nous tient sur le fil, mais surtout un roman de la dictature dans toute sa démesure.
De petits mystères plein les poches, Kathleen Winter saupoudre patiemment les obscurs chemins de la psyché jusqu’au cœur du labyrinthe énigmatique reliant le vagabond Jimmy Blanchard au célèbre général James Wolfe.
Nous qui n’étions rien, de Madeleine Thien : de l’impossibilité des rêves différents.
Dans ce récit fragmenté, mais porté par une force et une lucidité implacables, l’écrivaine Leanne Betasamosake Simpson inscrit l’intimité des luttes autochtones vécues au quotidien.
Œuvre sur le vieillissement et les deuils qu’il entraîne, Portrait d’un homme sur les décombres rappelle que David Homel maîtrise un art du récit alliant la confession intime et les aléas de l’histoire.
La vie de certains parents déborde à un tel point dans celle de leurs enfants qu’il arrive que le processus de construction identitaire en vienne à se détraquer, piraté par un passé étranger qui s’entête à demeurer présent.
Troisième parution de la nouvelle collection «Poèmes» des éditions Triptyque, Whatever, un iceberg fait découvrir au lectorat québécois une voix poétique aussi étonnante que sa traduction.
La journaliste d’enquête Kate Page sonde les décombres de la tourmente humaine.
Publié à l’origine chez Arsenal Pulp Press en 2017, fort bien traduit de l’anglais par Christophe Bernard, Scarborough dresse un portrait réaliste et sombre, mais jamais misérabiliste, du quartier du même nom de Toronto.
Au confluent de tous les précédents livres de Deni Ellis Béchard s’est formé le fleuve Blanc, méandreux et immense, chemin sombre au cœur du doute qui tutoie la folie, écho médité des ténèbres de Conrad brassant la culpabilité moderne de l’homme blanc se rêvant vertueux.
Transposition romanesque fort réussie d’une horrible histoire, Ce qu’elles disent de Miriam Toews est autant un récit choral féministe qu’une leçon dans l’art de donner la parole.